Coronavirus : Les 7 conditions de la reprise dans l’hôtellerie

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Pour la première fois, la grande majorité des états a privilégié les choix sanitaires à ceux économiques : Sauver des vies « quoi qu’il en coûte ».

D’un autre côté, Il y a en France environ 18000 hôtels, 35000 bars et 175000 restaurants privés d’alimentation depuis plus de trois mois. Combien vont mourir de cette cure, de la crise économique majeure qui est là et de la crise écologique qui arrive bientôt ?

Lorsque des soldats essuient des feux et qu’il se replient terrés dans une cache, c’est bien parce qu’ils se sont laissé surprendre. C’est souvent le défaut d’équipement et une progression mal calculée qui expliquent les défaites militaires.

Mais où est passée la 7ème compagnie ?

A la différence des pays de l’hémisphère nord et de la Chine, la gestion de la crise du Coronavirus à Taiwan, au Vietnam ou en Corée, n’a pas produit autant de morts et l’économie ne s’est pas arrêtée. Ce résultat a été obtenu car les populations avaient l’expérience (SRAS 2003) et la discipline. Il n’y a pas eu de confinement ni de « distanciation sociale ». Tout le monde porte un masque et personne ne se touche. Les gens se lavent fréquemment les mains. Les scientifiques savent tracer les cas d’infection et isoler les foyers.

Nous allons apprendre nous aussi et corriger car nos erreurs vont nous couter des centaines de milliers d’emplois et des milliers de faillites. Maintenant, l’heure est venue pour nos soldats de sortir de leur cache car ils n’ont plus rien à manger. Mais quelle nourriture vont-ils trouver dans les champs dévastés qu’ils vont traverser ? Quelles sont les conditions à réunir pour que nos braves soldats gagnent la nouvelle bataille qui se présente ?

Une libre circulation des Français au-delà de 100km

La stricte limitation des déplacements des populations à une distance inférieure à 100 kilomètres de leur résidence limite de fait la réservation d’hôtels. C’est le premier frein à la reprise d’un début d’activité dans l’hôtellerie. Edouard Philippe devrait annoncer jeudi que cette limite de déplacement devrait être étendue à 200 ou 300 kilomètres ce qui devrait permettre à la plupart des français de rejoindre un lieu touristique séduisant. Il est probable que d’ici le 1er juillet cette limitation de distance soit totalement levée.

Un accès aux agréments locaux

L’ouverture des plages, des parcs, des bars, constituent des conditions nécessaires pour que les réservations de chambres repartent. Beaucoup s’accordent à dire que les bars devraient rouvrir d’ici le 1er juin mais dans quelles conditions ? Peut-ton se priver de 50% de productivité ? L’obligation de porter un masque dans des lieux de rassemblement serait une bonne garantie pour rassurer à la fois nos décideurs et les voyageurs, et contourner une « distanciation sociale » inutile et couteuse si les populations se disciplinent.

L’ouverture des frontières

Les touristes français, européens et du reste du monde représentent respectivement, 62%, 24% et 14% du nombre de nuitées en France métropolitaine sachant que le poids des touristes étrangers et extra européens est bien plus élevé en Ile-de-France et en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Source : INSEE / DGE

L’exécutif européen préconise que les réouvertures des frontières se fassent progressivement, entre les pays membres présentant le même profil épidémiologique et ayant adopté des mesures préventives similaires. La bonne tenue des courbes épidémiologiques dans les pays de l’UE et le fait que le tourisme représente en Europe 12% du PIB, donnent un très bon espoir pour une levée de la plupart des frontières dans l’UE avant le 1er juillet. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères le dit : « A la mi-juin, nous aurons au niveau européen une vision un peu plus complète, pour une possible entrée en vigueur fin juin ou début juillet ».

Mais les frontières extérieures entre l’Union européenne et le reste du monde, attendront certainement encore plusieurs mois. Il est difficile de croire à une évolution de la situation avant le mois de septembre.

La reprise du trafic aérien « comme avant »

Il est probable que plus jamais, l’aérien ne transportera 4,5 milliards de passagers par an et qu’il sera impossible de trouver un vol Paris Barcelone au prix d’un repas dans un restaurant. 25 compagnies aériennes avaient déjà cessé leur activité en 2019. Cette crise va achever le reste des bêtes malades. Un coup de frein est donné au tourisme de masse. Faut-il le redouter ? Ce tourisme n’alimente-t-il pas massivement AirBnb, Uber, et la vente à emporter ? Le flux qu’il engendre et la saturation de certains sites touristiques n’est-il pas devenu un repoussoir pour bien des touristes à pouvoir d’achat plus intéressant ? 

Sous perfusion des états, les compagnies aériennes qui subsisteront ne pourront qu’offrir des vols plus chers et transporteront inévitablement moins de passagers. Dans un contexte de crise écologique sous-jacent, le tourisme sera filtré et les stratégies de monté en gamme pour les hôtels, en particulier de grandes métropoles, auront du sens. 

La réouverture des musées, lieux de spectacles et l’ouverture des foires et événements internationaux

Nous l’avons dit, le tourisme apporte 12% des revenus de l’Europe. Pourquoi l’Europe prendrait elle des décisions de réouverture des frontières sans les coordonner avec la réouverture des lieux de grand rassemblement ? Pourquoi les organisateurs d’événements ne seraient ils pas près à repartir dans un tel contexte ?

La reprise de la confiance

Toute sortie de crise se heurte à un résidu : La Peur et son opposée la Confiance. Pour que la consommation et l’investissement repartent, il faut toujours que la peur s’estompe et que la confiance reparte. Cela prend du temps et l’analyse des crises nous montre qu’il faut souvent au moins 12 mois pour qu’un climat favorable s’installe.

La reprise de l’économie Mondiale

Le FMI a déclaré en avril que l’économie de la zone euro reculerait de 7,5% en 2020 et ne rebondirait que de 4,7% en 2021, mais ce dans le cas seulement où le coronavirus sortirait complètement du paysage économique avant la fin de l’année, ce qui n’aura pas lieu.

Par ailleurs, le « monde d’après » tel que les journalistes le mentionnent dans un effet de communication, ne sera pas celui angélique auquel ils rêvent. L’instinct prédateur des acteurs économiques ne va pas être raisonné par cette crise. La position politique de la Chine et des Etats -Unis en sont une illustration macroéconomique et l’impossibilité de résister à l’aubaine d’un tee-shirt à 5€ pour un ménage qui ne dispose que d’un smic mensuel en est une autre au niveau microéconomique.

Les économies seront donc soumises à des forces antagonistes avec d’un côté :

  • Une part croissante de population à haut pouvoir d’achat issue des grandes métropoles, qui adoptera une consommation plus responsable. Une part croissante de consommation raisonnée, alimentée par les jeunes générations conscientes de leur responsabilité face aux enjeux climato-écologiques

Et d’un autre côté : 

  • Une part croissante de populations pauvres dont la consommation continuera de s’orienter vers des produits d’importation bon marché. Une part décroissante d’irréductibles cowboys trumpistes appelant à charger pour le monde d’avant et continuer à consommer sans compter

Manifestation pour la réouverture de l’état au Texas – Mai 2020

Le monde qui « marchait la tête à l’envers » aurait des raisons de se poser les bonnes questions. Et cela nous mène forcément vers une réflexion sur la décroissance. C’est là que l’équation à résoudre se complique.

En conclusion, c’est au total 4 conditions sur 7 qui ne sont pas totalement réunies pour que les réservations hôtelières repartent comme avant. 

Les hôteliers qui feront comme avant seront des soldats mal équipés qui n’auront pas anticipé leur progression. De toute évidence, les échauffourées n’ont pas pris fin et partir la fleur au fusil sans une réflexion profonde avant de sortir de sa cache risque de se payer au prix cher. 

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Ce qui changera pour les hôteliers après la crise du Coronavirus 1ère partie