Covid : Quelles sont les clés pour comprendre la future demande de tourisme ?

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Ce que révèle cette crise sanitaire c’est que la mondialisation des échanges augmente les fragilités, creuse encore les écarts de richesse et divise toujours plus les sociétés, rend encore plus âpre le « jeu économique ». Quelle place allez-vous prendre dans ce contexte ?

Dans quel état sera l’hôtellerie lorsque les premiers vaccins arriveront, semble-t-il au 2ème trimestre 2020 ? Pierre-Frédéric Roulot, président du groupe du Louvre dit : « En Europe, entre 20 à 30 % de l’hôtellerie va disparaître ». 

Toute crise crée ses opportunités et vertus. Ceux qui feront comme avant prendront de sérieux risques. Il faudra évoluer et donc adapter l’offre. Et pour cela il faut comprendre les tendances lourdes que cette crise a accentuées. Voici les 7 tendances que nous ressentions émergentes et que cette crise a accentuées. Le monde change parfois par à-coup. Il faut savoir écouter ses secousses avant d’agir.

1. Je préfère l’intimité à la foule

Combien de villes menacées par le tourisme de masse constatent que son impact économique est devenu négatif ? Centrées sur une mono-activité et privées d’un tourisme hypertrophié, dans quel état se trouveront-elles à la fin de la crise sanitaire ?

Venise, 55000 habitants, 30 millions de touristes par an. Barcelone, 1.6 million habitants, 32 millions de touristes, Amsterdam, 830 000 habitants, 17 millions de touristes…Le Mont Saint Michel pour finir en beauté, 20 habitants,3 millions de touristes.

La « tourismophobie » va-t-elle s’arrêter ? On aurait des raisons de penser que ce coup de sifflet signe le renforcement d’une prise de conscience chez le voyageur.

Angkor. Avons-nous encore envie de parcourir des milliers de kilomètres pour se tasser et contempler des décors qui se vident de sens et participer à leur pollution ? 
Venise, sommes-nous aveugle pour ne pas voir que la cité est devenue un parc à idiots ?

2. J’ai honte de prendre l’avion

1 milliard de passager en 1990. 4 fois plus en 2020. Jadis utopie moderniste et glamour, le transport aérien est désormais de plus en plus associé à la pollution et à la saturation touristique en même temps que la qualité du service se dégrade, que les contrôles se renforcent et que les procédures deviennent de plus en plus lourdes. Le système n’est plus aussi performant en termes de qualité. Le « Flugscham », honte de prendre l’avion, se développe dans les pays nordiques et la crise du COVID va évidemment renforcer cette prise de conscience.

Est-il nécessaire de déployer autant d’énergie et d’aller si loin pour être heureux ?

3. Pas si loin de chez nous !

« De new York à Tokyo, tout est partout pareil » disait il y a 30 ans la chanson de Starmania. En sommes-nous là ? La montée du nationalisme, voire du régionalisme parfois qualifié avec dédain de séparatisme, est à prendre sérieusement en considération et montre une volonté de préserver des différences culturelles qu’une mondialisation voudrait aplatir. 

Pendant cette crise du COVID, le monde a fait l’expérience des vacances à proximité. Comment cela va-t-il impacter les choix de destination dans l’avenir ? La recherche d’exotisme qui a tant motivé nos déplacements touristiques ne va pas disparaître mais peut-être ne sera-t-elle pas si prépondérante à l’avenir. Un séjour à Ploumanac’h, RiqueWihr, Copenhague ou Dresde risque bien de peser dans la balance avec des destinations plus lointaines.

Ploumanac’h – L’évolution climatique, un patrimoine culturel riche, une qualité touristique encore méconnue et une densité de touristes encore faible…donnent de bons atouts à nombre de régions comme la Bretagne ou l’Alsace.

Riquewihr – Ce n’est pas l’exotisme qui fait rêver mais le charme de quelque chose que nous découvrons.

4. Je préfère les produits locaux à ceux industriels

Il a fallu attendre la crise du COVID et l’absence de masque, de médicaments, pour prendre conscience de notre dépendance et de ses dangers et ce pas seulement en France. Mais c’est aussi et encore parce que « de New York à Tokyo, tout est partout pareil », que la consommation responsable est devenue médiatique, que les préoccupations pour le développement durable se sont amplifiées, que nous avons envie de plus d’authenticité, de localité et de qualité dans les produits que nous consommons.

73% des consommateurs mondiaux estiment avoir changé leurs habitudes alimentaires au cours des deux dernières années. Le panier Pique-nique Vigneron de l’Hôtel Restaurant Famille Bourgeois « tape dans le mille »

5. J’aime ce qui est familial et chargé de sens

Lors de cette crise du COVID, en France comme dans la plupart des pays occidentaux, beaucoup de voyageurs qui avaient l’habitude de parcourir le monde pendant leurs vacances, ont redécouvert le tourisme local, y compris lors de leurs week-ends. L’isolement et la distance avec leurs proches a été pour beaucoup douloureuse, voire anxiogène. 

L’adieu à l’exotisme de l’hôtel bordé de cocotiers avec sa piscine face à la plage et ses inconditionnels transats a été l’occasion de gouter à des concepts plus authentiques et intimistes à l’ambiance familiale.

6. Pas de bobard

Ce que les français n’ont pas accepté n’est pas l’impréparation de l’état à une pandémie mais que leur gouvernement ait fait croire que le masque n’était pas utile, alors que les stocks étaient presque à zéro. Cette absence de franchise s’est observée ailleurs. Dire du virus « Je vois que le désinfectant l’assomme en une minute » n’a pas aidé Donald Trump à sa réélection alors que les américains comptaient leurs morts par centaine de milliers.

Ce que nous enseigne une fois de plus cette crise, c’est qu’il est nul besoin de tenter de manipuler son auditoire. Dire la vérité même pour reconnaître ses torts est la seule voie. Plus que jamais la transparence est inconditionnelle dans toute activité. 

7. Ma santé d’abord

La crise du Covid nous a donné des lunettes pour voir que embrassons une société hygiéniste qui place la santé comme norme politique au-dessus du reste, où les décisions scientifiques se substituent parfois aux décisions politiques comme si notre société était en mal d’idéaux politiques.

Si votre hôtel se positionne sur le ressourcement, le bien être, le soin du corps, le thermal, le bio ou le naturel dans ses produits alimentaires, c’est le moment de le mettre en avant. 

Il n’est pour autant pas utile d’amplifier votre communication sur les mesures sanitaires que vous avez mises en place. Traitons le client en adulte capable de voir si un établissement respecte les mesures sanitaires. Respecter les règles sanitaires comme éditer une facture ou fournir une connexion wifi sont devenues des conditions nécessaires et non des signes de différenciation.

Grand Hotel & Spa Uriage – Il n’y a pas aucun besoin de justifier ses valeurs quand celle-ci se voient

Ce que nous livrons ici n’est pas une liste de recettes. Le marketing opportuniste est vite démasqué. Les gens n’achètent pas ce que vous faites mais POURQUOI vous le faites. Revendiquer une différence c’est construire son club, c’est jouer un film qui ne sera crédible que si le jeu est authentique, sincère, voire militant. Revendiquer une différence c’est réduire sa fragilité à long terme.