L’hôtellerie sera durablement touchée

+33 (0)1 42 08 65 79

Pierre-Frédéric Roulot (Groupe du Louvre) et Sébastien Bazin (Accor) s’accordent pour dire que l’Hôtellerie subit un choc sans précédent.

Sur les 1600 hôtels du groupe Accor en France, 300 sont fermés, les autres ont en moyenne actuellement un TO de 5. Le chiffre d’affaires du Groupe Accor sera en baisse de 70% en 2020 avec une perte nette d’environ un milliard d’Euros. « Je vais perdre une partie de ma clientèle d’affaires – mais est-ce 10 %, 15 % ou 20 % ? Nous le savons, et nous devons nous y préparer en inventant de nouveaux services pour compenser cet impact de la crise… » dit Sébastien Bazin.

De son côté Pierre-Frédéric Roulot pense que La crise va tuer 20% de l’hôtellerie. Au groupe du Louvre on s’attend à une baisse de 5 à 10% du trafic du fait de la baisse sur la clientèle corporate, segment sur lequel le Groupe du Louvre est moins exposé qu’Accor.

Quels sont les mécaniques macro-économiques qui vont impacter l’hôtellerie ?

Ne croyez pas que l’arrivée des vaccins marquera la sortie de crise. Ce sera seulement la fin d’une chute historique de l’économie.

L’hôtellerie restera déprimée plusieurs années. Les grandes capitales seront les premières touchées, Paris en particulier. Le voyage d’affaires représente 30 % du marché du voyage. Sans entreprises en bonne santé, l’hôtellerie des grandes métropoles se portera mal pendant plusieurs années.

3 effets négatifs se conjuguent pour réduire l’activité de l’hôtellerie :

  • Le PIB de de l’OCDE devrait reculer de 7% en 2020. L’impact sur les entreprises sera historique. Nous assisterons jusqu’en fin de 2ème trimestre 2020 a une avalanche de dépôts de bilan entraînant une hausse importante du chômage dans tout l’hémisphère nord. Mis à part dans quelques secteurs portés par la crise, les entreprises qui auront résisté auront moins de liquidités, particulièrement en France où la capitalisation des entreprises est historiquement basse, et l’investissement sera contracté ce qui réduira leurs croissances et aussi l’emploi futur.
  • Les entreprises ayant appris à mieux exploiter le digital pour éviter les déplacements poursuivrons et développeront leurs pratiques pour réduire les frais de voyage.
  • Le chômage augmentant dans tous les pays occidentaux, la demande de tourisme se contractera inévitablement, particulièrement sur le 3 à 5* alors que le tourisme de plein air aura de beaux jours devant lui.

Nous entrerons dans une période de tension sociale, économique, géopolitique, qui réduira la confiance des ménages et des entreprises impactant à son tour l’économie et en premier lieu le tourisme :

  • Sociale : La crise va creuser encore les écarts de richesse et divisera toujours plus les sociétés. La fracture sociale s’accentuera encore. Monté du populisme, des extrémismes. Il faudra s’attendre à de nombreuses manifestations sur le sujet de la protection sociale, des libertés, des égalités…
  • Économique : La crise a été financée en partie par un endettement massif qui devra bien trouver une issue. Des tensions sur les marchés monétaires risquent d’impacter les taux d’intérêts et provoquer de l’inflation.
  • Géopolitique : Les tensions internationales risquent de s’accentuer car la crise sanitaire exacerbe les rivalités nationales, les concurrences de système, ou les antagonismes idéologiques ou religieux qui étaient bien présents avant : Entre la Chine et les Etats-Unis, entre la France et l’Allemagne, entre la grande Bretagne et le reste de l’Europe, entre l’Europe et la Turquie, le moyen Orient…

En conclusion, il y a peu de raisons de penser que le tourisme se redresse rapidement d’une telle onde de choc. Les hôteliers mais aussi les restaurateurs doivent se préparer à faire face à une baisse durable de la demande. Ceux qui feront comme avant prendront de sérieux risques. Il faudra être créatif, trouver des diversifications, mieux mettre en scène l’offre, chercher des économies…apprendre à être meilleur.

L’hôtel n’est demain plus un « comodity product » qui n’offre qu’un hébergement à des clients ayant des besoins fonctionnels. La vraie question à ce poser pour votre hôtel est quelle expérience mon hôtel offre-t-il à mon client et comment je le montre sur le Web ?

A lire : 

  • L’économie Post Covid – Patrick Artus & Olivier Pastré
  • Amérique, Asie, Europe, Qui dominera le Monde ? – Le point 10 dec 2020

Articles connexes :