Airbnb est la première plateforme de logement touristique dans le monde et dépasse les dix premières chaînes hôtelières combinées. La France est le deuxième marché mondial pour Airbnb avec une offre qui dépasse l’ensemble des capacités hôtelières du pays.
L’ascension exponentielle de Airbnb vient d’être stoppée par un petit virus. Airbnb perd 4,6 milliards de dollars en 2020. La bête est à terre mais pour combien de temps ? Et que peut-on craindre pour l’hôtellerie ?
Une étude menée par Coach Omnium en 2017 montrait que 22% des clients Airbnb sont également clients d’hôtels et que parmi eux, 14% sont gros utilisateurs d’hôtellerie et 62% vont chez Airbnb en remplacement d’un hôtel. Quoi qu’on ait pu en dire, AirBnb est bel et bien un concurrent pour l’hôtellerie.
Une étude publiée par le Journal Du Net donne une idée de la perte de revenus pour les loueurs du 8 mars au 3 mai 2020 :
Depuis mars 2020, les logements auparavant loués sur Airbnb ne trouvant plus preneurs, leurs propriétaires changent de stratégie. Selon l’étude commandée par PAP et réalisée en septembre 2020 auprès de 2 348 propriétaires de locations meublées touristiques situées dans plusieurs grandes agglomérations françaises, un propriétaire sur trois envisage de renoncer aux plateformes spécialisées comme Airbnb, pour revenir à la location classique. Paris a notamment vu une forte hausse des biens à louer en 2020. Selon le site Se Loger, il y a eu en 2020 une augmentation de 50% d’offres de locations de studio par rapport à 2019.
Cette situation pourrait bien perdurer jusqu’en 2023 voire 2024. Il est à craindre un retournement de tendance lorsque la circulation internationale sera totalement décadenassée.
La situation catastrophique des compagnies aériennes Low Cost risque de porter un sérieux coup à un modèle économique mal constitué pour résister aux crises. 25 compagnies aériennes avaient déjà cessé leur activité en 2019. Ce handicap, ajouté à un comportement des ménages plus enclin à une consommation responsable, pourraient mettre à mal durablement Airbnb.
Il y a fort à penser que les puissances locales et nationales d’Europe en profitent pour poursuivre et renforcer leur politique de lutte contre l’Airbnbisation des cités dont les effets socio-économiques négatifs ne sont plus à démontrer.
D’un autre côté, n’ayant aucun doute sur l’instinct de prédation de Airbnb et constatant les stratégies déjà amorcées avant 2020, on peut redouter une poursuite d’attaque du marché de l’hôtellerie encore plus frontale.