Quels dangers pour les hôteliers après la crise de la COVID ?

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Crise sanitaire, crise boursière, crise monétaire, c’est une jeu de domino chinois. Quels seront les impacts sur le marché du tourisme et du voyage professionnel et pour combien de temps ?

La peur sera notre plus grand danger

C’est bien ce qui risque de freiner en premier lieu l’économie. La peur de la mort. Nous évaluons encore mal la dangerosité de ce virus et sa vitesse de propagation. Même si pour la plupart, la maladie ne comporte pas de risque majeur, c’est la peur de la mort et notre penchant pour une société sans risque qui guideront nos comportements. Lorsque les gens ont peur, c’est bien connu, ils consomment moins.

Dépôts de bilan et chômage risquent d’impacter durablement les voyages

Au niveau mondial, dans l’industrie, c’est un double coup de ciseaux. Non seulement il y a des ruptures dans l’importation de matières mais la main d’œuvre manque également pour produire et il faut ajouter à cela une baisse de la demande. Perte de chiffre d’affaires, fragilité, Au niveau mondial, il est probable qu’un bon nombre d’entreprises meurent, entrainant dans leur sillage la fragilité d’autres entreprises.

Les hôtels, restaurants, commerces et l’événementiel, qui étaient déjà fragilisés par la crise des gilets jaunes et le mouvement social des retraites, vont se trouver dans une situation extrêmement difficile.

Même si le gouvernement veut rassurer, il y a sérieux risque de dépôts de bilan, des liquidations et sur l’ensemble des secteurs, le chômage risque de monter sauf si l’état intervient pour soutenir les entreprises. Mais où chercher de telles masses monétaires ?

Après la crise sanitaire on peut prévoir que le redémarrage ne sera pas immédiat car les circuits d’approvisionnement seront grippés et que la pandémie ne se règlera pas rapidement : moins de voyages professionnels, moins de voyages touristiques.

Du plomb dans l’aile du voyage Low cost

Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour l’hôtellerie moyen-haut de gamme. La liste des compagnies aériennes Low cost ayant déjà disparu risque de s’allonger et cela ne fera pas l’affaire d’Airbnb dont le rendement du parc risque de baisser. Les propriétaires, qui depuis plusieurs années ont été tentés de délaisser le marché locatif classique au profit du marché saisonnier, risquent de déchanter.

Un risque sur l’immobilier qui va toucher les hôteliers

La possible baisse de rendement des logements Airbnb risque d’infléchir les prix de l’immobilier. Dans le même temps de nombreuses entreprises vont se trouver en difficulté pour payer leur loyer et certains bailleurs risquent de ne pas être payés. Enfin, les ménages affectés par le chômage ou la baisse de leur salaire net, risquent pour partie de ne plus pouvoir payer leur loyer et ceux qui auraient pu accéder à la propriété risquent d’être freinés. Tout cela pourrait contribuer à faire baisser les prix.

Si cette baisse des prix de l’immobilier se confirme, les marché du BTP et de l’équipement de la maison risquent d’être touchés et ce serait aussi les bilans des hôteliers propriétaires qui risqueraient d’être impactés. Moindre valorisation de l’actif immobilisé donc moindre capacité d’endettement et d’investissement.

Perte des valeurs boursières

C’est peut-être la pire des menaces mais il est difficile de prévoir quelles seront les conséquences dans 12, 24, 36 mois. Ce qui est en train de s’amorcer c’est la troisième crise boursière mondiale depuis 2000.

La banque Centrale Européenne vient d’annoncer qu’elle allait racheter les titres en difficulté jusqu’à hauteur de 750 milliards d’euros. L’objectif ? Éviter des défaillances en cascade. Ce sont toutes les banques centrales du monde qui se mobilisent dans ce sens. Mais ce n’est pas sans risque car n’ayant plus guère de réserves étant donné la faiblesse des taux d’intérêt, elles risquent de devoir faire marcher la planche à billets et donc exposer les économies à un risque d’inflation. Comment l’Euro va-t-il résister dans ce contexte ? J’ai peur de la réponse.

Pour se rémunérer, dans un contexte économique à taux faible voire nul, le système bancaire a consommé de la « cocaïne monétaire ». Jouer sur les marchés boursiers, spéculer, contribuer à renforcer encore et encore une économie virtuelle fondée sur le spéculatif souvent non créateur de richesses réelles et physiques. Tout cela affecte à son tour la confiance des investisseurs. Moindre confiance en la monnaie, moindre investissement, moindre croissance future.

Lorsque la finance va mal, l’économie va mal et tout cela ne va pas aider le voyage d’affaire et le tourisme.

En résumé, il n’y a pas beaucoup d’indicateurs économiques qui seraient au vert au sortir de la crise sanitaire et il beaucoup de raisons de penser que l’économie sera profondément et durablement touchée. Mais toute crise apporte ses opportunités. Ceux qui auront les auront identifiées sauront tirer les marrons du feu. Ceux qui feront comme avant risquent d’en payer le prix cher.

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