La crise sanitaire et celles boursière et monétaire qu’elle alimente vont impacter durablement l’économie planétaire. Dans notre article « Coronavirus : Quel est le danger économique ? » nous avons essayé de dresser l’inventaire des impacts pour les hôteliers.
Tentons à présent de regarder en avant et d’observer notre consommateur. Comment ses attentes risquent-elles d’évoluer ? Quels segments de marché risquent d’être plus porteurs que d’autres ? Quelles pourraient-être les stratégies porteuses pour les hôteliers ?
Lorsque l’homme fait l’expérience du pire, il dit « plus jamais ça ». Pourtant l’histoire se répète inlassablement. Il faudra donc différencier les embruns qui restent en suspension quelques temps après la déferlante, des lames de fond. Ce qui intéresse le journaliste, c’est de parler de la déferlante. Ce qui intéresse l’homme du marketing, c’est de réfléchir sur la lame de fond.
Quelles sont donc les tendances de long terme qui risquent d’émerger ou de se confirmer après cette crise et en quoi les stratégies des hôteliers doivent les intégrer ?
Voici le premier d’une série des trois articles sur le sujet.
En avons-nous fini avec l’explosion du voyage aérien et le tourisme low cost dont les bienfaits économiques sont de plus en plus discutables ? Probablement pas mais on sent pointer le ralentissement de sa progression. Avant la crise du Coronavirus, une partie croissante de la population avait déjà commencé à prendre conscience des limites de cette frénétique quête. Cette partie de la population a compris qu’un tourisme boulimique n’est pas compatible avec la préservation d’une planète malade.
Et je suis comme eux. Nous n’allons plus à Dubrovnik, nous n’allons plus à Venise, nous n’allons plus à Barcelone. Nous fuyons ces colonies de shorts tenant une glace. Le Marais à Paris le dimanche, la Promenade des Anglais, Rocamadour, deviennent à nos yeux des « Mont Saint-Michel » qui couperaient tout appétit. Nous avons envie de revenir en Auvergne ou sur le plateau du Larzac.
Se « mettre au vert pas loin » n’a-t-il regagné du sens pour une partie croissante de la population ?
En pleine crise du Coronavirus, l’image de ces touristes angoissés, de ces rapatriements sanitaires difficiles, de ces appels au secours de voyageurs qui n’ont pu se rattraper au dernier barreau de l’échelle, de ces prisonniers sur des bateaux de croisière improbables…tout cela n’est pas sans alimenter une réflexion : Qu’allaient t’ils faire dans cette galère ?
On a envie de penser qu’un retour au tourisme local pointe son nez. Sommes-nous en effet plus heureux si nous partons loin ? Sommes-nous toujours exalté après avoir posté sur Facebook une photo de nos pieds sur une plage de la Réunion face à la mer ?
Voici une opportunité pour les hôtels de villes moyennes et ceux de campagne, de tirer parti de l’évolution probable des attentes du voyageur. Construire une expérience autour de la quiétude, du ressourcement et de l’harmonie avec la nature, répond à une tendance que nous sentons de plus en plus forte chez le voyageur.
Cet hôtel n’est pas la pension de famille du « Beau Séjour » que nos parents choisissaient à Saint Brévin les Pins ou Palavas les flots mais il règne une ambiance familiale et conviviale. C’est un bâtiment ancien en pierre qui offre un confort 3 ou 4 étoiles, une bonne table où la clientèle locale vient se restaurer et un jardin ou une terrasse. Il n’y a pas de piscine car la nature qui entoure l’hôtel est tellement plus attrayante. Il y n’a pas de Spa car les clients n’ont plus guère de tension à évacuer.
L’environnement de l’hôtel n’est pas un parc pour écolo bobo où l’on ne circule qu’à vélo, où la mairie a planté des arbres un peu partout et développé rues piétonnes et pistes cyclables. L’environnement de cet hôtel est tout simplement un lieu authentique bienenraciné dans notre culture.
C’est une tendance qui découle de la première. Quand même les hypermarchés font la publicité de leurs circuits courts, c’est que celui qui n’en parle toujours pas à n’a rien compris.
Il est temps de parler sincèrement à vos clients du travail que vous avez réalisé sur vos approvisionnements et de leur démontrer que vous prenez soin de la planète mais aussi que vous soutenez les fournisseurs locaux qui ont de très bons produits.
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